Nous allons pendant deux jours, visiter la région de Mandalay. En fait il faudrait certainement une semaine pour pouvoir croire qu’on a vu tout ou presque…
Durant ces deux jours, nous allons visiter quatre anciennes capitales…
Pour mieux comprendre, je vous recommande de prendre le temps de lire cette page, qui donne beaucoup d’explications très intéressantes…
Mais, reprenons le cours de notre voyage…
Première visite, la colline de Mandalay qui surplombe la ville et offre de superbes panoramas sur la ville, le fleuve Irrawaddy et les environs. Nous sommes raisonnables, et nous sommes montés en voiture et en ascenseur…
Lors de son périple en Birmanie, le Bouddha est venu sur cette colline, pour prêcher et la colline constitue un lieu de pèlerinage important pour les bouddhistes birmans depuis presque deux siècles. Au sommet de la colline se trouve la Pagode Sutaungpyei (littéralement « celle qui exauce les vœux »).
La pagode est sous la garde particulière de deux serpents qui ont rendu hommage au Bouddha…
Sur la terrasse d'un petit stûpa se trouve la statue de l'ogresse Sanda Muhki qui, désireuse d'offrir quelque chose au Bouddha, lui fit cadeau de ses seins. Le Bouddha prophétisa que pour cet acte d'extrême mérite, elle renaîtrait sous la forme d'un grand roi qui construirait une ville au pied de la colline : il s'agit de Mindon Min, qui posa en 1857 (2400 de l'ère bouddhique) les fondations de sa nouvelle capitale à cet endroit.
À chaque coin de la terrasse, on trouve un roi des ogres, accompagné de son armée d'ogres miniatures, qui rend hommage au Bouddha.
Remarque, ici les ogres ne vont pas s’empresser de manger les enfants…
Ils sont les gardiens des pagodes. On les retrouve à l’entrée car ils protègent des démons les lieux sacrés.
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Nous rejoignons ensuite la pagode Kyauktawgyi ...
On va pouvoir y admirer un gigantesque bouddha, taillé dans un seul bloc de marbre qui, dit-on, nécessita le travail de 10.000 hommes pour le transporter de la rive du fleuve à son emplacement actuel.
La pagode a été construite autour du Bouddha.
Dans la cour, les côtés sont ornés de petites statues de Bouddha, sculptées dans les chutes du bloc de marbre.
Le chemin qui mène au Bouddha est richement décoré…
Et il nous attend, en toute sérénité…
Nous reprenons notre visite pour découvrir un autre Bouddha fait dans ce même bloc de marbre (les 10 000 ouvriers n’ont pas peiné pour rien)…
Et particularité, il tient une graine entre ses doigts. Aux quatre coins de la pagode, des Banians avaient été plantés, apportés du Sri Lanka. Il n’en reste qu’un aujourd’hui…
Les accès qui mènent à la pagode sont aussi des espaces commerciaux. On vend des offrandes et des souvenirs. Les marchands occupent leur temps libre en fabriquant ce qu’ils vendront demain.
Et après avoir bien prié, après avoir fait toutes les offrandes nécessaires, on peut se faire lire les lignes de la main, ce qui permet de s’assurer que tout est en ordre…
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Deuxième étape du jour, nous allons visiter les pagodes Sandamuni et Kuthodaw…
Ces deux pagodes sont situées l’une à côté de l’autre, et ont de très grandes similitudes mais aussi des différences…
La pagode Sandaminu compte 758 niches, recouvertes chacune d’un Stupa, et qui abritent 1774 plaques de marbre où sont gravés tous les écrits relatifs au Bouddhisme…
Cette œuvre a été réalisée par l’Ermite U Khanti. Cela date, normalement de 1913. Mais, en regardant les deux plaques d’explication, je découvre une date : M.E. 1275 et sur l’autre A.D. 1913…
Alors, si vous avez la référence des dates en M.E.,
je suis preneur…
Au-delà des stupas parfaitement alignés, on aperçoit la colline de Mandalay, d’où on arrive…
Les niches sont serrées, les unes contre les autres, comme les pages d’un livre, et il est difficile de passer entre les niches pour voir chaque page…
Le stupa central est un monument érigé à la mémoire du frère du roi Mindon Min.
En rejoignant la pagode Kuthodaw, nous retrouvons notre chauffeur qui profite de la pose…
À l’entrée de la pagode, on trouve une très belle statue du roi Mindon Min.
Nous allons nous glisser entre les pages du plus grand livre du monde...
Les entrées sont marquées par de belles portes en teck, finement sculptées…
Anne profite de l’ombre pour faire une pose avec "Say", notre guide du jour…
Les niches sont là aussi parfaitement alignées, mais l’ensemble est plus aéré…
Ici, il y a 729 niches protégeant chacune une grande plaque de marbre gravée…
L’ensemble de cette pagode est très beau…
Nous avons la chance de visiter le jour de grand ménage pour la maquette du site. Nous ne sommes donc pas gênés par le couvercle…
Mais, cette pagode comme toutes les autres demande un entretien constant…
Et cela nous permet de découvrir
« Le Dragon qui murmure à l’oreille de l’Enfant »…
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Troisième visite, nous allons découvrir le
« Monastère du Palais d’or ».
Il s’agit d’un des derniers vestiges de ce que fut
le palais royal à Mandalay. Ce dernier a été détruit pendant la seconde guerre mondiale, mais ce bâtiment avait été déplacé par superstition car c’était la demeure royale où est décédé le roi Mindon.
Ce bâtiment est tout en teck, et il est couvert de sculptures. Il faut savoir qu’au plus beau de sa splendeur, il était recouvert d’or, ce qui explique son nom. Aujourd’hui, on ne retrouve l’or que dans les parties protégées, à l’intérieur…
On y accède par l’escalier Royal. Il ne pouvait être emprunté que par le Roi et sa famille…
Ce palais ressemble à un grand vaisseau de dentelle dont il possède la légèreté. Chaque angle semble être une figure de proue…
Les piliers extérieurs qui le soutiennent sont ornés de dragons…
Les sculptures extérieures ont été parfois endommagées mais celles qui restent sont superbes de détails…
Certaines ont été refaites, mais la copie n’atteint pas la perfection de l’original…
On pénètre d’abord dans la salle du trône. Les piliers sont des troncs de teck d’un seul tenant. Ils font plus de 10 mètres de haut. Comme ils sont protégés ils ont gardé leur couverture d’or. La partie la plus proche du trône n’est pas autorisée aux femmes. On est dans un Palais transformé en Monastère…
Alors, Mesdames, laissez-moi vous faire découvrir la place où se tenait le trône. Aujourd’hui, c’est une réplique…
Quand on s’approche, on découvre les deux Nats qui protègent les lieux et vénèrent le Bouddha. Un petit détail, les pilastres de la balustrade qui entoure le trône sont en cristal de Baccara, offert par la France au Roi Mindon…
L’espace réservé aux hommes est entouré de 10 superbes bas-reliefs. Ce sont des jatakas. Cela représente des épisodes des vies antérieures du Bouddha. Voici le « Vessantara Jataka »…
Avant de quitter la salle du trône, notre guide,
« Sai », nous montre un petit détail sur le mur.
Une sculpture parmi toutes les autres.
Mais celle-ci est très particulière, puisqu’il s’agit
« d’un ange »…
Que fait-il ici, au milieu de toutes ces représentations bouddhistes ?
Il est une des conséquences de la présence de prêtres jésuites français à la cour du Roi. C’était sa façon à lui de leur rendre hommage…
Le bâtiment comporte deux salles. Nous passons dans les appartements royaux par une porte très richement sculptée…
La salle est aussi grande et aussi haute, mais beaucoup moins décorée. C’était le lieu, situé derrière le trône, où le Roi se retirait pour se reposer…
Mais pour se rendre compte de la taille des pièces, et en particulier de la hauteur des piliers, qui sont des troncs de teck, je vous offre « une référence » de comparaison…
Pour mémoire, les travaux de remise en état de ce bâtiment ont été fait avec des financements américains. Pensez-vous que cela va encore être le cas, maintenant que l’Amérique marche
« à la Trumpette » ?
Il est temps de faire la pose déjeuner. Notre guide nous emmène dans une « Tea Shop », sorte de restaurant où se retrouvent les employés de la ville pour un repas de midi rapide, fait de plats multiples, et arrosé de thé birman.
On est loin du « salon de thé » à l’anglaise…
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Nous reprenons le cycle de nos visites par la pagode Mahamuni pour y découvrir « le Bouddha vivant »…
Nous commençons par visiter le
« Musée de la vie du Bouddha ».
Ce musée est centré sur un panorama géant qui représente la dispersion du bouddhisme Theravada en Asie. Il retrace en particulier les voyages du Bouddha.
Il présente toute une collection de statues du Bouddha, montrant l’évolution de la représentation du Bouddha, depuis l’origine, de son vivant jusqu’à maintenant dans les différents pays d’Asie. Cette collection est riche, mais, elle manque d’explications (heureusement, nous avions Say pour attirer notre attention sur tel ou tel détail, tel que la coiffure, l’habillement, la forme des oreilles ou des doigts…
Dehors se déroule un étrange rituel. Les fidèles offrent de leur temps pour préparer le thanaka qui sera demain appliqué sur le visage du "Bouddha Vivant", pour sa toilette…
Nous rejoignons la pagode en passant au pied de la tour des tambours. Ils servent à annoncer les grands événements…
Le Bouddha Vivant est placé dans une grande pagode, et il est visible sur trois cotés. Cette statue est certainement une des plus anciennes, puisqu’elle date de 2 siècles avant Jésus-Christ et aurait été érigée du vivant du Bouddha. Au fil des guerres, elle a fait l’objet de nombreux changements de propriétaires et de lieux, mais toujours dans un très grand respect…
La décoration de la pagode est très riche, faite de marbre venu d’Italie, et les murs sont dorés à la feuille…
Dans le couloir qui fait face à la statue, les fidèles se recueillent. Les femmes ne peuvent pas dépasser une certaine limite…
Les hommes attendent leur tour pour s’approcher et pouvoir déposer la ou les feuilles d’or qu’ils ont apportées en offrande…
Les feuilles d’or sont déposées sur le corps de la statue, qui est aujourd’hui recouverte d’une couche d’or d’environ 15 cm ce qui représente environ 3 tonnes d’or. Sa couronne en or est ornée de pierres précieuses, rubis, émeraudes, diamants. C’est la seule statue que nous ayons vue où un garde était présent…
Tous les matins les moines nettoient le visage du Bouddha Vivant, et pour cela ils utilisent entre autre le thanaka offert par les fidèles. Ainsi, le visage qui est en bronze brille comme de l’or…
Avant de quitter le temple, nous allons voir les grandes statues de bronze…
Il s’agit, là aussi de « prises de guerre »…
Et Anne en a profité pour avoir une consultation gratuite pour ses douleurs aux épaules. Je peux vous assurer que cela marche parfaitement, puisqu’elle n’avait pas plus mal après qu’avant…
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La région de Mandalay ne compte pas moins de quatre villes qui ont été capitale du royaume. Sagaing, Ava, Amarapura et enfin Mandalay…
De ce fait, un très grand nombre de métiers d’art traditionnels sont encore pratiqués dans cette région.
Nous avons visité trois ateliers…
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Une fabrique de feuilles d’or…
Nous avons visité les ateliers du King Galon…
C’est une des spécialités de Mandalay. Vous savez que ces feuilles d’or sont utilisées quotidiennement par les pèlerins dans tout le pays pour recouvrir les statues du Bouddha ici ou là…
Voici en deux images le résumé du processus…
On part d’un lingot d’or qu’on transforme en ruban puis qu’on va découper en très petites plaques. On place chaque plaque entre deux feuilles de papier, Et on frappe sur la pile de feuilles pendant 30 minutes.
On découpe ensuite la plaque obtenue en six morceaux qui sont à leur tour placés entre des feuilles qu’on empile, et qu’on frappe de nouveau 30 minutes…
Le résultat est de nouveau placé entre des feuilles plus grandes, et ces piles vont être frappées pendant 5 heures, pour donner le résultat final. Pour avoir une idée de la finesse de la feuille d’or, on dit que 10.000 feuilles constituent une épaisseur de 1mm…
Le battage est un travail de force, mais aussi de précision. Le marteau doit frapper bien à plat la pile de feuilles qui se trouve au pied de l’ouvrier.
Le temps de travail est limité. Ils utilisent pour mesurer les périodes de frappe et de repos un chronomètre très particulier. Une coquille de noix de coco, percée d’un trou. Posée sur l’eau elle se remplie, et une fois pleine, le temps est passé…
Le traitement des feuilles et leur mise en pile est un travail méticuleux. Aucun pli ne doit se glisser entre les feuilles…
Mais, le papier utilisé n’est pas ordinaire. C’est du « papier de fibres de bambou » qui a la particularité d’être parfaitement lisse et extrêmement résistant aux chocs ce qui lui permet de ne pas se briser pendant les séances de battage, et de ne pas adhérer à la feuille d’or…
Voici, expliqué en photo la fabrication de ce papier, et vous trouverez les détails en suivant ce lien…
Après le premier battage, les feuilles d’or ne peuvent pas être manipulées à la main, ni avec des outils métalliques. On utilise de fines tiges de bambou totalement lisses…
Les feuilles seront vendues, pour être posées par les fidèles, ou utilisées sur place pour dorer différents objets. C’est un travail de précision et long…
Et voici quelques exemples du résultat final…
Si l’activité de « batteur d’or » vous inspire, sachez que le métier est aussi pratiqué en France. Vous trouverez les informations sur le site de l’institut des métiers d’art…
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Les sculpteurs de pierre…
Ce sont des milliers de statues du Bouddha, de toutes les tailles, dans toutes les positions, qui sortent des multiples ateliers de sculpteurs qu’on trouve à Mandalay…
Le marbre est extrait dans les carrières de Sagin, à environ 60 kilomètres de Mandalay. Les plus gros blocs sont taillés sur place, mais les plus petits sont envoyés dans les villes, et en particulier à Mandalay.
Les ateliers sont des espaces en plein air, juste protégés par des bâches en cas de pluie. Ici, tout est blanc. Les murs, les arbres, les hommes…
Pour façonner les statues, chacun a sa spécialité. Les uns font le corps, les autres la tête…
Les statues sont ensuite polies, d’abord à la machine, puis à la main, avec du papier de verre et de l’eau…
Je n’ai fait aucune photo sans avoir l’autorisation des personnes photographiées. Mais après, parfois, un regard vous interpelle…
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Les sculpteurs sur bois…
C’est un art très demandé, car beaucoup de maisons sont décorées avec des bas reliefs. Cela peut représenter des scènes de la vie du Bouddha, ou des thèmes non religieux…
Le travail peut être exécuté « sur commande », à partir d’un dessin ou d’une reproduction, mais le plus souvent, ce sont des thèmes maitrisés par l’artiste…
Les apprentis se font la main sur des œuvres plus grossières, qui seront finies par un sculpteur confirmé, puis en réalisant des œuvres répétitives, comme les frises…
Une fois terminées les œuvres seront poncées, puis teintes, et vernies ou laquées.
Elles pourront même être dorées à la feuille, comme ce jeu de portes pour une pagode…
Dans ce même atelier,
nous découvrons deux autres activités…
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La fabrique de marionnettes…
Ce sont des marionnettes à fils, commandées par une poignée. Les personnages font partie du folklore, comme pour notre Guignol.
Ils ont tous « la tête de l’emploi »…
Le maniement n’est pas si simple,
mais, Say sait faire galoper le cheval…
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La fabrique de tapisseries brodées…
Une toile est tendue sur un grand cadre de bois, et la scène est brodée en utilisant des tissus de couleurs. Les images sont mises en relief avec un rembourrage de coton. L’ouvrière fait passer son aiguille d’une côté à l’autre de la toile, avec une parfaite maitrise du dessin…
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Dernière surprise dans ce magasin, une vitrine qui contient un nombre important d’objets en ivoire…
Le style des statuettes montre clairement qu’il s’agit d’un travail chinois. Il faut savoir que depuis décembre 2016, le commerce de l’ivoire est illégal en Chine. Alors, des marchands peu regardant écoulent leur stock dans les pays voisins, dont la Birmanie. De toute façon, même achetés légalement, ces objets ne peuvent pas être importés en France…
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Pour finir la journée,
nous allons rejoindre le pont d'U Bein…
Ce pont en bois est situé sur le lac Taungthaman, à Amarapura. Il a été construit à partir de 1849 par le maire U Bein avec des colonnes de teck abandonnées lors du transfert de la capitale à Mandalay. Il traverse le lac et s'achève près du Kyautawgyi Paya. Long de 1,2 km et avec ses 1060 piliers, c'est le pont en bois de teck le plus long du monde…
C’est l’endroit où se rassemblent tous les touristes présents sur la région pour admirer le coucher de soleil. Quand nous arrivons, les bateaux sont prêts mais pas encore pris d’assaut…
Nous sommes confrontés immédiatement à un des fléaux qui attaquent la Birmanie, la pollution. Nous avons une très grosse responsabilité collective dans ce problème, car l'usage des matières plastiques importées et les touristes sont des sources importantes de pollution.
Nous sommes dans la saison sèche, et les piliers sont très visibles mais à la saison des pluies, l’eau arrive presque jusqu’au tablier du pont…
Les premiers bateaux prennent place pour le spectacle…
Nous allons nous aussi rejoindre notre poste d’observation…
Le soleil est encore haut, mais déjà les bateaux sont nombreux. Anne a le temps de se commander un rafraîchissement…
C’est la fin de cette journée. Le soleil va disparait derrière les arbres…
Mais, il n’a pas encore disparu que déjà tous les bateaux repartent. Il faut ramener les touristes le plus vite possible au bus, pour qu’ils repartent, vite, vite, vite…
Nous prenons le temps de savourer ce coucher de soleil qui se reflète sur un lac déserté…
Nous rentrons en passant sur le pont, et prenant un peu de hauteur, nous voyons le soleil réapparaitre à l’horizon. Il revient, comme un rappel, pour le plaisir des photographes…
C’est la fin d’une très belle journée, remplie de découvertes que je voulais partager avec vous. Je sais que cet article est long,
mais vous pourrez prendre le temps de le lire,
comme j’ai pris le temps de l’écrire…