Nous nous levons tôt pour prendre le bateau pour rejoindre Bagan. Le voyage sur le fleuve Irrawaddy va durer 10 heures. Quand nous arrivons au port, la vie s’anime sur le fleuve…
Un moment de déception, il fait nuit ou presque, il fait frais, et nous sommes un peu surpris par la taille du bateau et du confort à bord…
Certains se penchent sur ce que dit la brochure : « Durant le temps de croisière, vous aurez l’occasion de vous relaxer sur le pont ou sur de confortables sièges à l’intérieur du bateau. Des toilettes modernes sont disponibles à bord ainsi qu’un café vendant des repas, boissons et légères collations. Une fois tous les passagers montés à bord, le bateau commencera sa journée de croisière sur ce fleuve majestueux. »
Certains rêvaient de quelque chose de plus majestueux…
D’autres se souvenaient de leur croisière sur le Rhin…
Mais, pourquoi ne pas profiter de la vie telle qu’elle se présente ? Nous avons un bon moteur, qui ne nous fera pas défaut, et une fois chaudement installée au soleil levant, on oublie tout…
Et c’est parti. Chacun cherche la meilleure photo…
En passant au pied de la pagode Shwe Kyat Yat que nous avons visité hier soir, on croise le bateau qui remonte de Bagan et qui a navigué toute la nuit…
Nous en profitons pour admirer une dernière fois des pagodes des collines de Sagaing…
Et quand nous arrivons au pont de Ava, le personnel de bord nous apporte le petit déjeuner…
Nous découvrons le paysage des rives tel qu’il va se présenter sur tout le trajet. Le fleuve coule au milieu d’un plaine alluviale assez large, partant d’un côté et de l’autre, et grignotant toujours un peu plus la berge. Les habitants, des agriculteurs sont installés au plus près de la rive, pour profiter de « l’eau courante »…
Les campements de pêcheurs sont installés à même la rive. Quelques abris très rudimentaires qui ne leur servent que la nuit, pour dormir…
Nous croisons une drôle de flottille… C’est une équipe de récupération du sable. Les gros bateaux stockent et transportent le sable récolté, et les petits sont « les suceurs ». Ils se positionnent autour des gros, aspirent le sable au fond de la rivière, et le rejettent, après filtrage, vers les cales des gros…
Cette méthode a ses limites, et le fleuve reprend vite ce qu’on lui vole, au détriment des agriculteurs…
Le fleuve est large, mais les fonds sont très irréguliers. La navigation semble très complexe car il n’y pas de chenal délimité, avec des bouées. On passe d'un côté à l'autre du fleuve en suivant un courant invisible pour nous. Mais pas de soucis, hier nous nous sommes mis sous la protection du Bouddha et du Génie du fleuve...
Nous voyons des villages plus importants, qui se distinguent par un embarcadère, mais aussi la présence d’une pagode… Ici, une famille a fini sa lessive, qui va sécher au soleil…
Là, un grand embarcadère descend en pente douce vers le fleuve. On a mis dessus, quelque chose à sécher…
Il s’agit simplement de plusieurs centaines de chapeaux de paille qui seront expédiés aux marchés, vers Mandalay ou peut-être Rangoon…
On voit aussi de petits villages, juste un rassemblement de quelques maisons au bord de l’eau, avec des bateaux d’un autre âge attachés…
Je ne peux pas m’empêcher de repenser aux superbes images du film « Le Crabe Tambour », et je m’attends à entendre sonner le clairon…
Comme à la Samaritaine, on trouve de tout sur le fleuve Irrawaddy…
Des chargements de bois exotiques, certainement du teck, une des richesses du pays…
Des bambous flottant, qui descendent des montagnes…
Là, un petit remorqueur est à la peine. Il remonte le courant en trainant derrière lui un énorme chargement de fûts de carburants…
On voit aussi de petits bateaux qui emmènent un tout petit groupe de touristes en croisière…
À mi parcours notre bateau qui descend le fleuve vient se mettre à couple avec un autre bateau de la compagnie, qui lui remonte. Et, dans des conditions un peu particulières, on va échanger une partie des équipages. Cela doit certainement réduire les frais pour les armateurs, puisque ce soir, chacun pourra dormir à la maison…
Le fleuve dessine son lit au gré des pluies, et quand il commence à creuser ce qui demain sera un nouveau bras, les pécheurs en profitent. Ils le barrent sur toute la largueur pour capturer les poissons…
On croise, attaché à un banc de sable, un drôle de radeau, grand comme un terrain de foot. Il s’agit en fait d’un parc d’aquaculture. Le radeau est fait de bambous, et de futs vides comme flotteurs. Les pêcheurs vivent sur place. Cela fonctionne comme un grand vivier. Les pêcheurs apportent les poissons vivants qui sont vendus en fonction du besoin, vers les villes…
Sur les rives, la forêt fait place aux cultures. Un embarcadère permet de charger les troncs d’arbres. Il s’agit souvent de bois dont l’exploitation est maintenant réglementée, et les troncs sont identifiés individuellement. C’est aussi cela la traçabilité des ressources naturelles…
Nous arrivons à hauteur de Pakokku, et nous passons sur un des ponts les plus longs de Birmanie. Voici ce qu’en dit Wiki : « Le pont de l'Ayeyawady à Pakokku est un pont mixte route/rail qui, comme le pont de Thanlwin, possède une partie commune au-dessus du fleuve, les deux voies bifurquent de part et d'autre de l'ouvrage central. La partie routière mesure au total 4 125 mètres, la partie ferroviaire 6 278 mètres et l'ouvrage central en treillis 3 484 mètres. ».
Nous arrivons à destination. Les premiers temples se découpent sur l’horizon…
Quand nous arrivons au port, d’autres bateaux sont déjà arrivés. En fait de port, il s’agit d’une grande plage sablonneuse, qui descend en pente douce jusqu’à l’eau. Et, pour arriver à la voiture qui nous attend, il nous faut remonter la plage à pieds. Heureusement, il y a des porteurs pour les valises…
Sur la plage, une famille a fini sa lessive, et avant de repartir à la maison, c’est l’heure du bain…
En descendant du bateau, nous entendons des gens se plaindre (en français bien sûr). « C’est pas terrible, on n’a rien vu ». Mais, comment leur expliquer qu’en fait, ils n’ont rien regardé. Ils ont lu leurs guides, sur Mandalay, que nous quittions, ou sur Bagan que nous visiterons demain. Ils ont dormi. Ils ont discuté entre eux de leurs merveilleux souvenirs de Thaïlande ou des Maldives. Mais, ils n’ont pas eu la curiosité de regarder…
Alors, si vous devez faire ce genre de voyage, prenez vos dispositions. Lisez les guides avant ou après, rêvez en regardant le paysage, et surtout, tenez vous loin des autres français…
Nous arrivons à l’hôtel 12 heures après avoir quitté l’hôtel de Mandalay. Nous profitons depuis la terrasse de notre chambre de notre premier coucher de soleil sur les temples et pagodes de Bagan…
Demain, on part à la découverte…