Ce samedi, a eu lieu à Saint-Vincent sur Jabron,
la 497ème foire aux agnelles et aux béliers…
Je vois déjà vos sourires. Il est vieux, c’est vrai,
mais comment peut-il savoir qu’il s’agit cette année
de la 497ème foire ?
C’est vrai, je n’étais pas là lors de la première, mais,
après les vérifications d’usage,
je fais confiance à mes sources.
Voici ce que j’ai trouvé ici et là :
« En 1516 François Ier, de retour de Marignan, s'arrête à Sisteron. François 1er reçoit alors la supplique des habitants de Saint-Vincent-sur-Jabron sollicitant pour la cité la concession des droits de Foires et de Marchés publics. Ce à quoi François 1er répondra favorablement et la concession des Foires et Marchés sera rendu exécutoire le 2 Juin 1516. Dès lors, les affaires de la vallée se traiteront à Saint-Vincent-sur-Jabron, devenue centre d’attraction. La Foire aux Agnelles et aux Béliers était née. »
Je pense qu’en cherchant bien, on devrait retrouver copie de l’acte au secrétariat de la mairie de Saint-Vincent, car tout y est parfaitement rangé…
Mais, revenons à nos moutons, ceux de cette année…
Pour vous parler de la Foire, je pourrais,
comme en 2011 et en 2012
m’attarder sur le spectacle de la foire,
les exposants et les visiteurs…
Voici en quelques images ce que nous avons eu le plaisir
de voir ou revoir cette année…
Emmanuelle avait invité tous les petits princes
et les princesses à « Faire un mouton »…
Et à la fin de la journée c’est certainement elle qui avait le plus beau troupeau. Elle aurait mérité « une sonnaille »…
Ici, la femme du boulanger nous offre son pain
et son plus beau sourire…
Là, Philippe s’assure que cette année encore
tout tourne rond…
Et sa collection de champignons a su attirer les amateurs qui n’étaient pas restés dans la montagne de Lure, à la « chasse aux cèpes »…
Il n’y a pas d’âge pour apprendre à tourner…
Ici, on apprend la vannerie en famille…
Et là, grâce au talent de Catherine,
on se métamorphose en fée…
Les sonnailles n’attendent qu’un cou pour s’y pendre…
Cette année, le maréchal ferrant fait une démonstration pratique, au pied levé…
Du fait du retard dans le travail des champs, les éleveurs n’ont pas pu venir aussi nombreux que d’habitude…
Parfois, on assiste à un drôle de face à face…
Et certaines voudraient bien voir les chèvres d’un peu plus près…
C’est aussi la foire aux béliers, ne l’oubliez pas…
Certaines font un peu n’importe quoi pour se rendre intéressante…
Mais, globalement, on peut dire que c’était vachement bien…
On profite de l’ombre, entre amis…
Et on parle…
Parfois on croise un sourire et une larme…
Maman cédera-t-elle ? Pourtant, 8 ans,
c’est l’âge pour avoir son premier opinel…
Sur la place, une démonstration de tonte…
Les anciens se souviennent…
Et avec un large sourire, le reporter s’émerveille…
La foire, c’est la vitrine de la Vallée. L’élevage bien sûr. Mais aussi l’agriculture et la culture. La vallée, c’est un paradis qui est loin d’être artificiel…
Mais, cette année, la vedette de la journée
c’était Albert Eysseric…
Albert a 90 ans, et il a été éleveur à Saint-Vincent sur Jabron pendant 65 ans, alors, la foire, vous pensez, il connaît et on le connaît…
Avec ses amis il peut échanger des souvenirs, mais ce sont des gamins, ils ont tous 20 ou 30 ans de moins que lui…
Albert, c’est la classe. Il se découvre devant une dame…
Albert, il ne parle pas, il raconte…
(Merci Bernard)...
Dans le temps, Saint-Vincent était un village important, qui avait tous les commerces nécessaires. Il y avait 2 boulangeries. Les jours de foire, les 2 restaurants et les 4 cafés étaient pleins. Il y avait 4 foires par an, le 20 avril, le 28 juillet, le 29 septembre et le 4 novembre. La foire de la Saint Michel, le 29 septembre était la plus importante. En juillet, la foire se tenait à la fois sur la route, pour les exposants et sur la place, où étaient rassemblés les éleveurs. On pouvait avoir jusqu’à 300 bêtes exposées pour le concours.
Albert avait un troupeau de 50 brebis et 7 chèvres. Il le faisait paitre sur ses terres et sur les terres communales. Le matin, c’était lui qui sortait le troupeau, et il le menait à l’adret. L’après-midi, c’était sa sœur qui le menait à l’ubac. La bergerie était dans le village, au rez-de-chaussée de la maison, et cela pouvait poser quelques soucis quand le troupeau passait sur la route pour aller aux champs.
C’était un troupeau de « pré-alpes », les moutons les plus beaux. Une année, Albert a eu le 1er prix à la foire de Saint-Vincent, et le député présent pour l’occasion lui a dit « cela mérite bien une médaille ». Alors, Albert a attendu sa médaille. Mais, ne voyant rien venir, il a écrit au député pour se rappeler à son bon souvenir. Celui-ci a répondu, expliquant qu’une médaille, c’était long à faire graver. Et enfin, presque un an après la foire, la médaille est arrivée…
Mais, cette année, il n’aura pas à attendre. Le député est venu tout spécialement pour lui remettre
la médaille de l’Assemblée Nationale…
Mais, le métier de député, c’est prenant. Il s’isole un instant, dans cette drôle de cabine téléphonique.
Est-ce cela une « cage de Faraday » ?
Tout le monde attend avec impatience la remise des récompenses…
On cherche l’ombre et on se rassemble au pied du Poilu…
Au pied de l’estrade on met un point final aux discours…
Et c’est parti.
Une à une les autorités vont prendre la parole…
Michel, le maire de Saint-Vincent…
Arlette, la présidente du Comité de Foire,
et ses gardes du corps…
La représentante de la chambre d’agriculture…
Pierre-Yves, le Conseiller Général du canton, qui rappelle à juste titre les efforts faits dans la vallée pour les éleveurs et en particulier la mise en place d’un nouveau caisson d’équarrissage…
Et Albert rentre en scène.
Les photographes se précipitent. Il y en a partout.
Les retardataires arrivent en courant…
Monsieur le député prend la parole.
Pour être sûr de bien passer à l’image, mieux vaut avoir son photographe personnel qui immortalise la scène…
Et, si vous n'avez pas eu le plaisir d'assister en direct à la remise de médaille, vous pouvez revoir ici ce moment fort de la journée...
Albert reste dans l’ombre, et il écoute en souriant.
Il ne savait pas qu’il était si important…
Et c’est en toute simplicité qu’il reçoit cette médaille. Ce n’est pas vraiment un habitué des caméras, alors il faut lui montrer où regarder…
Mais, Albert, c’est un homme simple, généreux et heureux…
Il a connu 6 maires sur la commune.
Le maire actuel, il l’a connu en culottes courtes…
Cette photo sera reprise par la presse.
On y voit Albert avec ses amis de la vallée…
Albert ne parle pas, il aime expliquer et tous,
grands et petits aiment l’écouter…
Mais il est temps pour tous de passer à table.
L’agneau de la vallée est cuit à point…
Et les plateaux sont prêts…
N’oubliez pas, dans trois ans, on devrait fêter la 500ème foire aux agnelles, alors soyez nombreux dès l’année prochaine à venir participer et encourager l’équipe d’organisation de cette foire…
Juste un petit mot…
Si vous arrivez jusque là dans la lecture de mon article c’est que vous avez aimé. Peut-être le direz-vous…
Mais, sachez qu’hier j’ai du raconter tout cela
en « 800 signes et une photo ».
Et ne vous y trompez pas, c'était beaucoup...
Ce n’est pas toujours facile de rendre-compte, et ceux qui ont lu l’article paru dans la Provence de ce dimanche me pardonneront peut-être sa brièveté…