Pour la communauté "la carte de France des paysages", voici une contribution pour la carte à paraître ce week-end…
Je vous l’avais annoncé ici,
et je vous ai parlé de l’exposition là…
Je dois maintenant vous parler du stage proprement dit.
Ce stage s’est déroulé à Vers-sur Méouge. Un petit groupe d’artistes de la région s’était réuni sous la conduite de Salif Dermé, fondeur originaire du Burkina Fasso, pour s’initier à la technique de la sculpture au banko, ou sculpture à cire perdue...
Tout a été préparé sur place, par les stagiaires, y compris le four. Le stage durait quatre jours. Ils ont consacré les trois premiers jours à la composition de leurs œuvres. Je me suis invité la dernière demi journée du stage. Tout était prêt pour la dernière étape, le coulage des œuvres. Le travail était déjà bien avancé, et Salif s’appliquait à entretenir le feu pour faire fondre le métal…
Il s’agit de morceaux de bronze, de laiton ou de cuivre, récupérés ici et là. Tandis qu’au cœur du foyer une première fournée est déjà en fusion, les morceaux qui vont être ajoutés sont chauffés au maximum, pour éviter tout choc thermique…
Le moment est venu d’augmenter la quantité du métal en fusion. Salif retire un à un les morceaux de métal brûlant…
Avec une longue cuillère, il enlève le charbon de bois qui assure la fusion. Avec application il prépare sa potion magique…
Puis, un à un il plonge les morceaux chauffés dans le métal en fusion. Les stagiaires sont attentifs mais prudents et ils se tiennent à bonne distance…
Salif recouvre ensuite le pot de fusion d’une bonne couche de charbon de bois, et le processus recommence…
Dans un autre feu les moules des sculptures ont été mis à chauffer, pour durcir au maximum la terre, pour permettre le bon écoulement du métal dans toutes les parties de la sculpture, et là aussi pour éviter le choc thermique avec le métal en fusion…
Les artistes surveillent avec beaucoup d’attention la cuisson de leurs moules. Un des risques, à cette étape, est que le moule pourrait se fendre, ce qui interdirait toute coulée. Il faut aussi s’assurer que le moule monte en température régulièrement et que l’intérieur est à la bonne température…
C’est bon… Les moules sont cuits…
Et le métal est bien fondu…
Un à un les moules sont retirés du feu.
Les fissures apparentes sont bouchées. Attention la terre du moule est tout de même à plus de 600°…
Le fondeur prend soin de les installer de façon à pouvoir couler le métal sans problème et sans risque…
Et la coulée peut commencer. Avec un godet en terre réfractaire il prélève le métal en fusion, beau comme de l’or…
Un à un il va remplir les moules, en faisant attention à ne pas faire de bulles. Il faut que le métal descende dans toute la forme de la sculpture…
Une attention toute particulière est donnée aux grosses pièces, qui vont nécessiter plus d’un godet de métal…
Toutes les pièces sont coulées. Il faut qu’elles refroidissent…
Les stagiaires en profitent pour faire le point sur tout ce qu’ils ont vu durant ces quatre jours…
De son côté, Salif range ses outils. Oui, comme tout bon artisan, il a ses propres outils, y compris son soufflet de forge…
L’heure du démoulage est arrivée. Un à un les artistes vont prendre une de leurs pièces et s’appliquent à retirer la terre du moule et faire apparaître l’œuvre…
Les premières œuvres sont rassemblées. Les yeux des artistes brillent comme ceux des enfants à Noël en ouvrant leurs cadeaux. Ils l’ont fait…
Mais, le travail n’est pas terminé. Il faut maintenant dégager l’œuvre de toutes les impuretés qui ont pu adhérer au métal. Il faut rendre à la sculpture « ses pleins et ses déliés » et supprimer tous les défauts du coulage, du fait de certaines fissures…
Enfin, l’œuvre a pris forme, même s’il reste encore beaucoup de travail pour que le colibri rejoigne sa fleur qui l’attend un peu plus loin…
Je remercie les organisateurs de ce stage, qui m’ont ouvert leur porte, les stagiaires qui ont accepté ma présence, parfois un peu encombrante et Salif l’artiste fondeur qui a même accepté de répondre à mes questions.
Pour ceux que cela intéresse, voici deux liens à suivre :
- Un autre stage de Salif, ayant eu lieu en juillet 2009, à Brocéliande…
- Un article très détaillé sur la technique de la sculpture du bronze à la cire perdue en Afrique…