Le dernier numéro de Vivre au Jabron va être rapidement distribué dans vos boites aux lettres et sera disponible dans les mairies...
Voici l'édito...
Vous avez dit Bucher ?
Oui, André Bucher…
Ce personnage atypique a marqué le pays avec le lancement de la fameuse foire de Montfroc, commune drômoise, enclavée aux confins de la Haute-Provence.
Combien de producteurs vivriers pratiquant la bio, combien de praticiens du mieux vivre et d’artistes en tous genres, d’animateurs et de conférenciers ont depuis l’origine marqué de leurs présences ce bel évènement. Ils attirent une foule d’amateurs et de conquis largement régionaux venus en quelque sorte honorer le Jabron… ?
Et voilà qu’en son site, ce pionnier du respect de la vie a voulu mettre la sienne au bout de son crayon. Ses très nombreux écrits, depuis lors édités, firent aux quatre vents un sujet des médias ajoutant en valeur ce que cette vallée propose d’horizons.
Mais que nul ne s’y trompe, car si André a su brosser l’âme du lieu par de jolis vécus, il projetait de même les tourments qu’engendraient d’ancestrales rudesses que durent affronter moultes générations de « gratteurs » de terroir, d’éleveurs transhumants et de forçats du bois…
Ses images surgissent comme animaux sauvages, d’un défilé de mots aux accords linéaires, élevant le sensible au rang de la beauté que l’on veut retenir. Quand le sombre s’écarte devant le bucolique, son regard élégiaque nous donne l’impression d’instants de fulgurances l’ayant surpris lui même.
Les choses et les gens restent tels qu’en eux-mêmes mais avec ce senti que l’auteur nous « balance » au-delà de la simple conscience. Voir, observer et apprendre à aimer en « ordre de bataille » agrémentaient ses pas de leurs atouts majeurs où l’on ne triche plus mais où l’on s’émerveille.
Ses traits fleurent l’élan vers une transcendance qu’il tente d’insuffler, peut-être à son lecteur. En citer risquerait de priver celui-ci de contextes anodins mijotant les surprises des soudains cris du cœur libérant la parole sur des bouts de papier.
Les mots lui furent chers et reliaient toujours les doigts au calepin ; que ce soit en vadrouille sur ses terroirs de choix, au volant du tracteur ou devant son assiette. Sa gravité disant son refus des discours, risque de le classer dans la
misanthropie. Sa méfiance native cautionna un silence issu d’événements qu’éprouva son enfance.
En guise d’évasion, sa lecture rapproche de ce que tout être humain devrait tenter de faire avant d’en faire trop. Une jolie plongée dans un espace fait pour un retour aux sources en toute humilité.
André nous a quitté… le jour de l’ouverture de sa déjà lointaine création. Clin d’oeil de son vouloir emporter un symbole ?
Gaston Mercier