Le dernier numéro de Vivre au Jabron va être rapidement distribué dans vos boites aux lettres et sera disponible dans les mairies...
Voici l'édito...
Tout à coup un matin un ciel d’un bleu impeccable, rutilant, s’est étendu sur la Vallée comme lavé au Mir par une dame de ménage efficace. C’était d’une pureté absolue, un lever de rideau, l’hiver ôtait son masque. En même temps, nous parvenaient encore des nouvelles du monde, de conflits et de guerres mêlés, de noms d’hommes ou de femmes à élire, de tentatives pour sauver ce qui peut l’être ou pour à double tour tout refermer, quand d’autres encore s’acharnent à tout pulvériser depuis leur palais doré. Écrans et postes de radio : casiers d’acier remplis d’images et de paroles se déversant dans nos maisons et dont on ne sait plus démêler sans heurt les tentacules. Comment vivre dans la trame du temps et de l’inéluctable ?
Pourtant, dans le champ optique, le bleu du ciel se répand jusqu’à l’Ukraine, puis bien au-delà de la Russie aux dômes inquiets et songeurs, joignant les océans, dont le Pacifique aux mille îles mythiques.
Tout espoir grandissant est permis.
Ici... coule une rivière. C’est la nôtre. Pour raviver les chants d’oiseaux dans sa longue chevelure argentée, rien de tel que d’en faire l’éloge. Cela fait venir le printemps, les fleurs de cytise, la joie promise.
Ici... serpente une vallée. C’est la nôtre. Pour ranimer en elle l’avenir qui s’y loge, rien de tel comme toujours que de miser sur le courage et la belle volonté de ses habitants.
Des cafés se sont ouverts - « Le zinc est le meilleur conducteur de chaleur humaine. » (dixit Antoine Blondin) - dont la longue histoire se déroule tout au long de la route.
Des cimetières continuent à être entretenus par les vivants, pierre après pierre, pour préserver les âmes des corps dépossédés.
Des fontaines, des chapelles, des écoles, des maisons, ont été restaurées.
Les enfants, sous des yeux attentifs, peuvent tracer leur chemin, pas à pas, vers la réalisation de leurs rêves.
Des couvents, peut-on imaginer..., rassemblent des cercles de prières dans les mouvements de l’aube au crépuscule.
Certains, certaines, ouvrent des jardins secrets, lancent ou relancent des cultures.
Certains, certaines, concoctent des potions de vie, essentielles. Encore et encore, en plus de tout le travail des paysans, des artisans, des ouvriers.
Tous, toutes, participent aux nourritures terrestres, spirituelles, passeurs d’histoires qui s’écrivent, détentrices de la mémoire humaine du Jabron.
Jamais le fanal ne vacille.
Corinne R.