Le dernier numéro de Vivre au Jabron va être rapidement distribué dans vos boites aux lettres et sera disponible dans les mairies...
Voici l'édito...
Sincèrement, il est bien embêtant de devoir écrire dans le Journal sur la spirale actuelle du temps, ses zones de turbulence, alors qu’il s’agirait simplement d’exposer les événements joyeux de la Vallée. Mais comment faire l’impasse sur ce qui taraude l’époque ?
Des mutations sont à l’œuvre et tout est lié. Notre vie ici est soumise aux phénomènes de société et même préservée, elle n’en est pas pour autant indemne. Courage...
Dans la trame complexe du monde réside cependant un talisman, l’imaginaire du futur le long de notre histoire avec le Jabron. À certains signes qui s’allument, nous savons que de nouvelles saisons nous rendent déjà l’émerveillement de l’espérance.
Souvent, la nuit, lorsque tout ce qui circule dans les médias a « sensiblement réduit son fracas », selon l’expression de René Char, nous comprenons que le lieu où nous habitons est une chance. Le ciel nous enrobe de sa pèlerine étoilée et il faudrait emprunter la rivière, en songe, comme l’on explorerait avec délectation l’énigme des Chants de la Balandrane, justement, de René Char.
« À cette minute, le mot Balandrane, avec le cortège de sa poursuite.
Parmi des centaines d’autres, indifférents,
un papillon qui se déroute, vole autour de nos tempes, et foisonne.
Lorsque tu te sentais refroidir, au petit jour des hivers récents...
comme le poêle bien tisonné qui accueillait à l’école communale
les enfants que nous étions,
le mot appelle un essaim de sens
hors du puits de notre cœur gourd. »
Ainsi, après avoir ouvert le Vivre au Jabron à toutes les écritures volontaires, voilà que la parole est donnée aux élèves des écoles. Un frisson de plaisir ondule alors, chant d’oiseau enfin intercepté. Heureux d’investir notre commun outil, de transmettre leur part, les enfants vont échanger leurs vécus, leurs expériences, leurs rêves, leurs projets.
Corinne Robial