Le dernier numéro de Vivre au Jabron va être rapidement distribué dans vos boites aux lettres...
Voici l'édito...
Vivre au Jabron est une décision qui se porte haut et c’est souvent par un mystère infini que l’on choisit, sur la planète, son coin de géographie.Comme si l’on était aimanté...
Ces quelques arpents de terre sur la terre, avec la forêt, magique, ces villages, ces maisons isolées, ces tilleuls, ces noyers, les floraisons, les prés cultivés, les fontaines, les sources, les lavoirs, les chapelles, les églises, les cimetières haut perchés, tout ce qui fait la Vallée de part et d’autre de la route - ubac comme adret - avec ses hameaux cachés, ses chemins secrets qui grimpent aux nuages, et la rivière, longue, serpentine dans sa vibration nerveuse scintillante, argentée, les ombres, les lumières... tout cela a quelque chose d’enchanté, de privilégié, et même, parfois, d’une étrange étrangeté... On est quelques-uns à être fascinés.
Comme d’un dernier bastion possible - on peut rêver - contre l’inconfort du monde et ses dangers. Il faut pourtant y subir, souvent malmené, le défilé des saisons, avec leurs entrées, leurs sorties intempestives, d’une inconstance hétéroclite. Mais, même chamboulées, elles nous offrent tout de même tout l’éventail des merveilles météorologiques : gels, canicules, orages, givres, verglas, tonnerres, boues, crues, grêles, brumes, foudres, bourrasques, cortèges de vents et de nuages toutes catégories et autres échauffourées. Enfin, disons que détachés de leurs désavantages incontestables, on peut les considérer comme cadeaux du ciel... Plus, luxe suprême, des arcs-en-ciels radieux, toutes les couleurs du temps, et le blanc, le blanc du silence, la neige, la neige, l’hypnose de la neige...
Ajoutons à cela la montagne comme un navire, avec son chargement d’arche en pleine mer : biches, cerfs, chevreuils, sangliers, buses, chiens errants, serpents, corbeaux, renards, loups, crapauds, blaireaux, lièvres, oiseaux, insectes, tutti quanti et patin couffin... tous trépidants d’intensité de vivre.
Et, parmi ce magma astral, minéral, végétal, animal : des humains, tous concitoyens, tous voisins, mine de rien, du même coin, les nouveaux comme les anciens, le long de la route et des chemins, que le Journal, à travers ses articles, salue bien.
C.R.