Du col de la Pigière, où il prend sa source, jusqu’aux « Bons Enfants » où il va rejoindre la Durance, le Jabron suit le tracé de la route départementale 946 qu’il laisse sagement sur sa rive gauche. Mais, comme toute règle bien établie, celle-ci a son exception. Aux Omergues on change de côté…
Alors, dans le village, on ne compte pas moins de quatre ponts sur le Jabron, d’où le titre :
Pont, Pont, Pont, Pont…
(à lire et relire sur l’air de la 5ème…)
Juste à l’entrée du village, la route passe sur la rive droite du Jabron, et c’est ainsi que, comme à Paris, la mairie est sur la rive droite...
Un peu plus loin, un petit pont qui n’est plus de bois permet au promeneur de partir dans les champs de lavande…
Encore un peu plus loin, un pont permet de passer de l’Ubac vers l’Adret…
Enfin, à la sortie du village, la route revient sur la rive gauche, juste avant que le Jabron ne s‘enfonce dans les gorges de Montfroc…
Mais, pourquoi vous raconter cette histoire de ponts (j’ai dit « ponts » !)…
Ici comme partout, le progrès est en route, et le village des Omergues vient de perdre son dernier « pont à parapet de pierre »…
En effet, le pont à l’entrée du village avait encore le privilège d’avoir un très joli parapet, en pierre taillées…
Les enfants prenaient encore plaisir à se faire peur en marchant sur le parapet…
Mais, les camions étant de plus en plus gros, de plus en plus larges, et surtout de plus en plus rapides, le parapet n’a pas résisté à l’outrage des ans. Peu à peu ses pierres ont pris un peu de jeu…
Alors, les experts sont venus et ont mis en chantier les travaux…
Allait-on sauver les pierres du parapet ?
Non, le village des Omergues comme partout ailleurs est passé rapidement de l’âge de la pierre taillée à l’âge du fer.
Nous avons maintenant un pont tout neuf, avec son parapet en fer, et surtout, un peu plus large, pour que les camions puissent passer un peu plus vite, sans risquer d’abimer leurs pneus…
Les pierres taillées s’en sont allées…
Cela me rappelle le temps où des brocanteurs bienveillants venaient rendre visite aux personnes âgées, dans les campagnes et échangeaient leur vieux buffet de bois, qu’il fallait régulièrement cirer par ces beaux meubles en formica qu’ils pouvaient admirer à la télé et qui se nettoyaient d’un simple coup d’éponge… Et, pour faire bonne mesure, « parce que c’était eux, et qu’il les aimait bien », le brocanteur échangeait la vielle horloge qui retardait un peu et qu’il fallait remonter par un splendide « véritable carillon Westminster », tout électrique.
Le temps passe mais, les méthodes ne changent pas et le progrès avance…