Canosio, vous connaissez ?
C’est un charmant village du Piémont italien, qui offre la particularité d’être jumelé avec Montfroc.
Vous ne le saviez pas ?
Pourtant la presse a rendu compte de cet événement…
Suivez ce lien pour voir l’article de la Provence…
Pourquoi ce jumelage ?
Voici ce que disait Jean-Noël dans le discours de bienvenue à la délégation italienne lors de la cérémonie de jumelage, en octobre 2012…
« Lorsque j’ai proposé à Jean-Michel et à son conseil municipal le projet de jumelage de Canosio et Montfroc, j’avais deux objectifs. Le premier était de réunir deux villages de même grandeur et ainsi permettre aux habitants de s’ouvrir vers d’autres horizons. Le deuxième était de faire renaître les liens très étroits qui unissent nos deux villages car il existe une histoire entre Canosio et Montfroc et c’est de cela que je veux vous parler. Beaucoup d’ouvrages ont été écris pour raconter l’histoire des relations entre Piémont et Provence.
Nous savons qu’à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, dès l’automne, les piémontais traversaient les montagnes pour venir en Provence faire du commerce et assurer ainsi les besoins de leur famille restée au pays. Ainsi est né un échange et une migration de population.
C’est dans ce cadre là qu’en 1914, mon arrière grand père Simone PONZO, venant de Canosio, est arrivé à Montfroc avec sa femme Lucie née ISOARDI et cinq de ses enfants. Il a acheté une maison et y a installé un magasin de vêtement et tissus et une cordonnerie tenue elle par son fils Joffre. Les autres enfants se sont mariés et installés dans la région. Une de ses filles, Lucie, déjà mariée était restée à Canosio et habitait avec son mari Chiaffredo à la maison Pasero à la colle San Giovanni. De ce mariage sont nés en Italie 4 enfants : Anna, Laurenzo (mon père), Natale et lucia. La vie était dure à Canosio et leur regard était tourné vers Montfroc où la vie semblait plus facile.
En 1927 Laurenzo qui avait alors 11 ans est parti seul, clandestinement, pour rejoindre ses grands parents à Montfroc, mais il a été pris par la douane et ramené à Canosio. Il a fait une nouvelle tentative et cette fois, dans le froid il a franchi la Gardetta et a pu s’échapper caché au milieu d’un troupeau de moutons. Il est arrivé à Montfroc et a vécu chez une tante. Ses parents, frère et sœurs sont arrivés eux en 1929. La famille était enfin réunie. Ils ont acheté une ferme et s’y sont installés. Jusqu’à sa mort, en 1993, mon père n’a jamais quitté Montfroc.
Voilà l’histoire que je voulais vous conter, qui nous lie pour toujours, c’est celle de ma famille, de mon père et c’est pour ne pas oublier que j’ai voulu ce jumelage. »
Alors, quand, en août, Jean-Noël m’a proposé d’accompagner les habitants de Montfroc qui se rendraient à Canosio pour participer à la fête votive, j’ai saisi l’occasion d’aller découvrir ce petit coin d’Italie…
Mais, il nous avait préparé une surprise. Pour retourner là-bas, il souhaitait mettre ses pas dans les pas de son père et c’est donc à pieds, en partant du Col de la Madeleine et en passant par la Scaletta que nous avons rejoint l’Italie…
Vous pouvez suivre sur cette carte
- le trajet que nous avons suivi, en jaune,
- le trajet qu'il nous reste à faire, en bleu...
Vous pouvez aussi repérer les points des panoramas...
Voici, en images, le récit de cette traversée,
pleine de surprises…
Il est 7heures et demi quand nous nous retrouvons
au col de la Madeleine…
Jean-Noël nous montre sur la carte
le trajet qui nous attend…
Il fait juste jour et on se met en route. Cap au Nord.
Nous commençons par une longue montée, et Jean-Noël surveille son troupeau.
Il ne voudrait pas en perdre dès le départ…
Derrière nous, nous laissons la vallée de l’Ubaye,
qui est déjà en plein soleil…
Aucun problème. Le chemin est parfait, même si nous avons encore un peu froid, à l’ombre…
Nous arrivons pour assister à la sortie du troupeau de son enclos. Un bon millier de bêtes se lance dans la montagne, accompagné des bergers et des chiens. Ils partent pour la journée et reviendront dormir ici, à l’abri des prédateurs…
Près de la source les ânes eux aussi sont au repos.
Pour ne pas les perdre, ils portent des sonnailles…
Nous allons prendre cap à l’Est,
vers le lac et le col de Roburent…
Le chemin court le long de la montagne, en pente douce. Derrière nous, le Bec du Lièvre…
Jean-Noël a l’œil à tout…
Et c’est lui qui nous montre notre première marmotte...
Nous rejoignons le troupeau qui avance doucement dans les alpages…
Il s’est étalé sur tout l’espace qui s’offre à lui…
Nous approchons de la frontière avançant au milieu des brebis et des moutons
comme l’a fait Laurenzo il y a 86 ans…
Nous arrivons au lac de l’Orrenaye.
Notre point de départ était à 1900 mètres
et nous sommes maintenant à 2411 mètres…
Chacun reprend des forces,
il nous reste une petite montée avant la frontière…
Il fait beau et
« les marmottes qui ont fini de mettre le chocolat dans le papier d’alu »
font un brin de causette…
Nous reprenons notre montée…
Nous voici arrivés à la frontière.
Ils sont en Italie, et je suis encore au Royaume de France. Nous sommes partis un peu avant 8 heures et il est 10 heures. Nous sommes à 2496 mètres…
Quand nous passons en Italie
les marmottes se font moins timides…
Nous redescendons vers le lac supérieur de Roburent…
Si cela continue, on va pouvoir caresser les marmottes…
En quittant le lac, nous montons dans la pierraille
vers le col de la Scaletta…
Et les marmottes nous regardent en souriant…
En prenant un peu d’altitude, nous découvrons sur les bords du lac les vestiges de deux camps militaires italiens. La zone était bien surveillée. Ce n’était certainement pas facile de passer sans se faire remarquer…
Et notre dernière marmotte profite du soleil…
Les derniers mètres en montée avant le col…
En arrivant là-haut, nous découvrons les restes des lignes de barbelés qui marquaient la frontière.
C’était un obstacle de plus à franchir…
Sur le bord du chemin une plaque de blindage pour un fortin. Pourquoi et comment est-elle arrivée là ?
Nous sommes au col de la Scaletta, à 2614 mètres,
le point le plus haut de notre promenade. Il est 11 heures. Jean- Noël s’assure que tout va bien pour tout le monde…
Nous redescendons vers la vallée d’Unerzio…
Nous voyons notre premier edelweiss…
Jean-Noël prend un bain de jouvence en regardant le paysage qui est beaucoup plus tourmenté que dans notre vallée…
Il est temps de faire une pose pour le déjeuner.
Il est midi.
Ici, les edelweiss poussent en bouquet…
La descente n’est pas plus facile que la montée…
À gauche part la vallée d’Unerzio, où nous allons nous arrêter, et à droite, les montagnes qu’il nous faudrait encore franchir pour rejoindre Canosio…
Jean-Noël s’assure qu’il n’a perdu personne en route…
Le retour des arbres montre que nous sommes bien descendus…
Et, pas de doute, une Madone.
Nous sommes bien en Italie…
Retour à la civilisation.
Les vaches nous regardent passer, sans bouger…
Nous sommes au point de rendez-vous.
Jean-Noël nous laisse encore le choix.
Soit nous rentrons en voiture,
soit nous reprenons notre marche…
D’ici part le chemin qui mène au col de la Gardette, et ensuite à la vallée du Preit où se trouve Canosio. Nous sommes à peine à mi parcourt. Nous sommes redescendus à 1955 mètres et le col de la Gardette, à un peu plus d’une heure de marche est à 2450 mètres…
Mais, nous ne voudrions pas faire attendre nos amis, qui doivent être un peu plus bas sur la route, et nous allons rentrer en voiture et prendre le temps de regarder le paysage…
Et le temps, nous allons l’avoir, car, nos petits camarades se sont simplement perdus dans les allées d’un centre commercial, et nous devrons encore descendre quelques kilomètres, en suivant la route, pour avoir le plaisir de les retrouver…
Nous pouvons ainsi prendre le temps de penser à la promenade de l’année prochaine. L’idée serait de faire le trajet en deux étapes. Une première étape comme celle que nous venons de faire. Passer la nuit dans un refuge et reprendre la promenade le lendemain jusqu’à Canosio…
Le projet est à l’étude…
Nous faisons confiance à Jean-Noël
pour nous organiser cela…