Pour la première rencontre au château autour de la trilogie de Pagnol, nous avions rendez-vous hier autour de "Marius"...
Bien sûr la soirée ne pouvait que commencer autour d'un Picon Bière. Denis s'est donné beaucoup de mal pour faire rentrer les quatre tiers dans un verre...
Ensuite, nous avons pu partager le repas, avec des plats typiques :
Panisses de l'Estaque, Daube Pagnolesque accompagnée de légumes vapeur et aïoli, et pour finir, un superbe flan provençal...
Comme toujours, le repas est l'occasion d'échanges multiples.
Hier soir, j'ai eu le plaisir de faire la connaissance de Jean, habitant Saint-Vincent il me semble, et grand spécialiste de l'eau, domaine dans lequel il a travaillé pendant 30 ans...
Cette discussion devrait en intéresser plus d'un, et je vous en reparle dans une autre article...
Enfin pour finir la soirée, Denis nous a fait une "explication de texte" sur Pagnol, et sur la trilogie au cinéma.
Pagnol peut être considéré comme un auteur "mythique" de la Provence, car par ses écrits, il a créé une "mythologie" que chaque provençal peut s'approprier pour se retrouver.
C'est la chasse ou l'amitié dans "la gloire de mon père",
et c'est la famille dans la trilogie.
Longtemps, la famille s'est fondée sur trois composantes complémentaires : la lignée, le sang, et l'héritage.
Mais, l'évolution de la société conduit aujourd'hui à changer les composantes de base, pour s'appuyer sur la maison, le groupe familial, et les enfants.
Cela conduit à un changement profond du modèle familial.
En même temps que la multiplicité des formes de famille que nous voyons foisonner, ce qui fait famille se fonde de plus en plus, sur le désir d'être ensemble. Cela n'est pas donné mais cela se construit, jour après jour. On n'est plus famille, on fait famille. C'est une relation qui se tisse avec une triple exigence de liberté, d'autonomie et d'affection. On voit bien, dans Marius, ce mélange de patriarcat en évolution, ce mélange d'affection et de besoin de liberté, générateur de conflits.
Pour comprendre Marius, envisageons encore deux formes de familles.
Celle qui apprend à l’enfant la complexité du système et comment on y prend sa place.
Et celle qui n’a pas les moyens de lui apprendre cela parce qu’elle n’en a pas la moindre idée. Bien évidemment Marius appartient à ce dernier type, le monde de César se limitant à son bar de la Marine et à son environnement proche. C'est ce monde qu'il tente d'imposer à Marius.
Certains des enfants qui vivent cela peuvent développer un imaginaire foisonnant, déconnecté de la réalité d'un monde dont ils ne connaissent pas les règles, et être emportés par l'archétype inconscient qui se constelle alors.
Denis nous a décrit comment cela s'est passé pour Bob Dylan ou Jean-Claude Carrière, par exemple.
Pour Marius, c'est le nabot Piquoiseau qui joue le rôle de l'ombre, du diable de la tentation, déclencheur du tsunami qui le fera tout quitter pour suivre le monde imaginaire qui le travaille dès le début du film. Où le mènera son voyage ? Vers une initiation, un exil, une rédemption ?
Est-ce que la famille résistera au besoin d'autonomie et de liberté individuelle ?
Après cette explication chacun de nous pourra voir ou revoir Marius, en cherchant à aller au delà de la galéjade, pour y retrouver ce changement profond à la fois de la société et de la quête de soi.
Et la suite de la trilogie nous apportera, sans doute, quelques réponses.