Au pied de mon arbre, je vivais heureux,
quand un message électronique est venu me rappeler
un passé pas si lointain…
On m’invitait à Paris, pour une journée de conférence dans le domaine de la sécurité des systèmes d’information. Je ne pouvais pas refuser, et surtout j’avais envie de revoir les amis qui travaillent encore pour payer ma retraite. Je leur devais bien cela. Mais, à mon âge, et perdu dans les montagnes, difficile de faire l’aller et le retour dans la journée. Je suis donc parti la veille, et j’avais réservé un hôtel dans le quartier de la gare de Lyon.
Impossible le soir de revoir les amis car j’avais trop peu de temps, juste quelques heures à passer avant de dîner avec mon fils. J’ai donc décidé de me promener un peu dans Paris, à la recherche de mes souvenirs. Je vais rejoindre le quartier des Halles à pied.
C’est une promenade que j’ai déjà fait quelquefois
et j’en ai parlé ici et là…
Surprise, quand je quitte l’hôtel la pluie s’est aussi invité. Mais, la vie rude qu’on mène dans nos montagnes m’a appris à ne pas m’arrêter pour quelques gouttes et je file,
entre les flaques vers la place des Vosges…
« J'adore entendre le gai flic-flac,
Le son joyeux de la goutte d'eau
Qui tombe et qui claqu',
Ce clapotis qu'en pizzicato
Font les petit's flaqu's,
C'est la romance de la pluie... »
Brassens, La romance de la pluie
Peu de monde dans les rues, et personne dans le jardin qui est déjà fermé. Ce soir, les amoureux ne se retrouveront pas sur le banc public…
Même sous les arcades qui font le tour de la place, personne ou presque. Ici la pluie tient les parisiens sous terre, dans le métro…
Je vais rejoindre la Seine en passant par l’Hôtel de Sully. Dans le jardin, des amoureux qui ont trouvé un p’tit coin de parapluie, qui pour eux restera un coin de paradis…
Au sol, un tapis d'or...
« Voilà les feuilles sans sève
qui tombent sur le gazon
voilà le vent qui s'élève
et gémit dans le vallon »
Brassens, Pensée des morts
Le bâtiment est occupé par le service des monuments historiques. Ils ont fait le bon choix…
Et les passants se pressent.
Nous ne sommes pas sur le Pont des Arts, mais...
« Si, par hasard
Sur l'Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent fripon
Prudenc', prends garde à ton jupon
Si, par hasard
Sur l'Pont des Arts
Tu croises le vent, le vent maraud
Prudent, prends garde à ton chapeau »
Brassens, Le vent
Les rues sont désertes. On s’attend à voir apparaître l’inspecteur Maigret,
qui va tendre un piège à l’assassin du Marais…
J’ai rejoint le quartier Saint Paul. Ici, les maisons s’ouvrent à l’intérieur sur des cours pleines de vie
quand il fait beau…
C’était une promenade dans mes souvenirs, et je n’ai pas vraiment été surpris de rencontrer
« Nicolas et Pimprenelle » au coin d’une vitrine.
J’avais tout du nounours de service…
Et voici la Seine.
Pont après pont je vais remonter vers
le quartier des Halles…
Au loin le faisceau du phare de la Tour Eiffel balaie le ciel. On devine les tours de Notre Dame…
Sur les quais, les bouquinistes ont depuis longtemps fermé leurs coffres aux trésors...
Je n’irai pas jusqu’à Notre Dame, je n’ai pas le temps de traverser la Seine…
Dans la nuit se découpe le dôme de l’Hôtel Dieu et on devine la flèche de la Sainte Chapelle.
Sur les quais, la Conciergerie…
Contrairement aux monuments de bords de Seine, mis en valeur par une lumière chaude, l’Hôtel de Ville est arrosé d’une lumière blanche, froide, criarde...
De même pour la Tour Saint Jacques.
J’espère que cet éclairage ne va pas se généraliser…
Me voici arrivé dans le quartier des Halles. Je vais passer une excellente soirée avec mon fils, revenu de son périple.
Mais, il est temps pour moi de rentrer me coucher, et je salue mon ami le Génie de La Bastille.
Qui viendra dans deux ans faire le clown au pied de la colonne, incapable à coup sûr de faire tout ce qu’il nous aura promis ?
Le lendemain, journée studieuse. Je retrouve les amis, mais aussi la rigueur du travail. Une journée de conférence, cela peut paraître long quand on a pris l’habitude de couper sa journée par une petite promenade digestive dans le village.
Je couche encore une nuit à Paris, et le lendemain je prends le train pour rentrer. Je découvre que pendant mon absence le Ventoux a mis son chapeau blanc.
C’est le retour des neiges d’antan.
Il est temps de reprendre mes quartiers d’hiver…